02, 9 septembre 2005, Village bois

 

Dans le Grand Pavois de La Rochelle, du côté de la plage des Minimes, juste après la batterie Richelieu, deux énormes billes, l’une d’acajou, l’autre de sipo, attirent mon attention. Débitées en plateaux de plusieurs centimètres d’épaisseur, elles matérialisent l’entrée de l’espace réservé au Village Bois, que Jean Marie Chauvet a imaginé et créé dès 1989.

 

En regardant du haut du quai, j’admire cinq des bateaux qui vont demain participer à Voiles de Nuit. Le plus ancien, « ARGO », date de 1909, et Jean Marie m’a déclaré qu’il a « un cul de poule magnifique ». Quelques-uns des animateurs de ces véritables monuments historiques sont là, prêts à répondre à mes questions et à me faire partager leur passion. J’y passerais des heures…

 

« Bois » a très longtemps été synonyme de vieille marine, de bateaux anciens, de bout’s en chanvre et de voiles en coton d’Egypte, de bordés plus ou moins étanches, de senteurs d’étoupe, de brai et de goudron, de sons de marteaux à calfater, de coups d’herminette, de chants de marins.

Cette marine était également associée à une certaine difficulté de navigation, et entretenait quelque peu son inaccessibilité.

 

Le village bois présente aujourd’hui ce que l’on peut réaliser dans des techniques avancées et éprouvées, grâce à une mise en œuvre moderne alliée à une matière première antédiluvienne. Ce qui était hier de l’artisanat est maintenant mieux rationalisé, mais comme le bois ne se laisse pas torturer, le résultat est nécessairement harmonieux.

 

Les 20 chantiers ici présents exposent des bateaux qui restent à taille humaine, qui ont leur personnalité, auxquels il faudra un peu s’attacher pour en tirer parti… Ce sont des bateaux qui ne laissent pas indifférents, réalisés par des artisans qui aiment leur métier, utilisés par de véritables amateurs, au vrai sens du terme.

Et ce n’est pas par hasard qu’un stand est tenu par les compagnons du devoir. Ces perfectionnistes ont bien compris toute la richesse de la marine en bois, et savent la combiner avec les technologies les plus avancées.

 

En visitant le village bois, paradoxalement, je suis convaincu d’avoir fait un tour dans le futur.