07, 14 octobre 2005, Superstitions

 

Chacun le sait, il ne faut pas être superstitieux, ça porte malheur…

Mais en mer, les idées ont la vie dure, on sait qu’il est préférable d’éviter certaines attitudes et qu’il convient de respecter quelques us et coutumes.

Certains ont une simple origine pragmatique : à moins d’être Cap-Hornier, on ne pisse pas au vent !  ça évite certains accidents…, et même les Cap-Horniers ne s’aventurent pas à de telles expériences…

Emporter des oeufs durs à bord, c’est signe de grand malheur, car la Bigouden qui préparait le frichti pour son mari de marin pêcheur, lorsqu’elle en était très amoureuse, elle lui concoctait de bons petits plats, pour sa gamelle de la journée… Mais, si d’aventure elle éprouvait un peu moins d’intérêt pour son époux, un peu trop pour le guilledou, elle n’avait plus le temps, elle lui flanquait deux œufs durs « et ça ira bien comme ça !!! ». Alors, le pauvre marin breton devait commencer à se poser des questions…

Le louis d’or sous un mat n’a jamais, techniquement, aidé à en régler le haubanage, mais on dit que, si la coutume n’était pas respectée, le mat était en grand danger.

Siffler pour faire venir le vent, c’est peut-être efficace, mais ça sert surtout à passer le temps, à moins que ça n’agace les oreilles des autres…

Une présence féminine à bord était souvent considérée comme périlleuse, mais n’est-ce pas le reflet d’une époque révolue ?

Le fameux animal aux longues oreilles, le cousin du lièvre, dont on fait d’excellents pâtés, alimente, sans doute, les croyances les plus tenaces. Peut-être parce qu’un jour, les vivres étant épuisés, le cuisinier du bateau avait subtilisé le chat du bord et l’avait servi au repas, le faisant passer pour un civet ? Les rats n’étant plus chassés, la cargaison avait été perdue, les cordages rongés, le bateau démâté…

 

Mais alors, pourquoi tous les enfants des navigateurs d’aujourd’hui se promènent-ils tranquillement sur les pontons et sur les bateaux avec leurs doudous aux longues oreilles ?