10, 4 novembre 2005, Changement
d’heure
Dimanche dernier, après moulte discussions avec
votre entourage, vérification auprès des spécialistes patentés que sont le
grand-père retraité des chemins de fer, ou le sportif qui ne manquerait pour
rien au monde la retransmission de son émission préférée, vous avez pu,
conscience apaisée, retarder toutes vos montres pendules et horloges d’une
heure, vous avez dormi un peu plus longtemps, et vous vous êtes dit « Ah,
j’ai gagné une heure… ».
Une heure que vous aurez beaucoup de mal à
restituer dans quelques mois, au printemps, lors de l’opération inverse
maintenant habituelle.
Une fois de plus, les médias, les
pédopsychiatres, les mères de familles, les professeurs des écoles, les
éleveurs… discuteront à qui mieux-mieux de l’opportunité de ce changement qui,
comme chacun le sait, fait cailler le lait, perturbe le chant du coq et empêche
nos chères têtes blondes d’apprendre correctement leurs leçons…
Le navigateur, lui, a de la chance : Son
heure ne change pas, il est en temps Zoulou. C’est l’heure universelle, UTC,
l’heure GMT, ou Greenwich Mean Time. C’est LA référence, comme l’était le mètre
étalon en platine iridié déposé au pavillon de Breteuil, à Sèvres.
Cette référence est internationale depuis
le vingtième siècle, même si Paris et Londres se sont quelque peu chamaillées
pour placer leur méridien personnel…, même s’il a fallu corriger les quelques
secondes de différences dues aux irrégularités de la rotation de notre globe.
Il est midi, heure GMT, lorsque le soleil est
au zénith de ce fameux méridien de Greenwich, et ce quelle que soit la saison
ou l’âge du capitaine.
Et même si cette heure ne représente pas le
même moment de la journée suivant que l’on se trouve à La Rochelle, Hong Kong
ou Mexico, elle permet de disposer d’une référence absolue, stable, plus
indiscutable que la date exacte de l’origine de notre ère.
A bord, il existe trois indications possibles
du temps : l’heure locale, l’heure du port d’attache, et l’heure GMT. Si
les deux premières sont fonction d’une foultitude de paramètres, la dernière
est et reste la même pour tous
Cette pérennité va bien au marin, qui sait
adapter son rythme de vie aux éléments qu’il tente d’apprivoiser, et qui a bien
compris qu’en aucun cas il n’arrivera à modifier le cours des astres.