13, 25 novembre 2005, Escoff

 

Vous avez entendu les résultats de la transat Jacques Vabre ?

Et les commentaires des médias, tout au long de la course ?

On se serait cru, une nouvelle fois, dans la configuration de la Route du Rhum 2002, celle au cours de laquelle une majorité de multicoques de 60 pieds ont eu quelques problèmes de démâtage, de casse, de chavirage… A tel point que, dans un cas comme dans l’autre, l’auditeur pouvait légitimement se demander, après seulement quelques jours de course, s’il allait rester au moins un bateau pour arriver à bon port… Pour les commentateurs, seuls existaient alors cette unique catégorie de bateaux, ceux qui font parler, qui ont d’importants budgets de communication, qui défrayent la chronique par leurs avatars…

Et pourtant, pendant ce temps là, les autres concurrents engagés continuaient à exister, faisaient le gros dos, et géraient en marins des conditions difficiles.

La famille Escoffier, Franck Yves le père, Kevin le fils, a remis avec son trimaran de la classe 2 les choses à leur place.

Franck Yves, qui a déjà gagné deux fois la route du Rhum, mène sa barque avec le sérieux dont il a toujours fait preuve. Avec sagesse, il a un peu levé le pied dans les moments difficiles, la première semaine, pour pouvoir donner la pleine mesure de son bateau dès que les conditions l’y ont autorisé.

Et Kevin, tout juste 25 ans, a eu le mot juste devant cette première grande victoire pour lui : « Nous avons gagné dans notre classe, mais chaque catégorie aura son vainqueur ». Humilité des grands…

N’en déplaise aux commentateurs, attentifs dans un premier temps aux seuls faits et gestes spectaculaires, il n’y a en effet pas de « Catégorie Reine » dans cette épreuve. Surtout quand ladite catégorie produit des bateaux dont seuls 40% sont capables de remplir leur contrat sans risquer à tout moment de solliciter des moyens de sauvetage extérieurs.

La leçon doit être méditée par tous, et il ne faut pas faire n’importe quoi avec la mer et les bateaux, sous peine d’y perdre, à terme, notre liberté de jugement, les autorités de tous poils ayant alors toutes les raisons, puisqu’on les met à contribution, de légiférer sur notre terrain de jeu.