19, 6 janvier 2006, Rois Mages
Vous avez déjà essayé vous, de retrouver en
pleine mer, un bateau ami, sans l’aide des points GPS précis à quelques mètres
près ?
J’ai une fois tenté l’aventure. Quelques jours
avant de boucler une sympathique traversée de l’Atlantique, on s’était donné
rendez-vous avec un autre traverseur sous un nuage caractéristique en forme de
triple tour. Malgré cette particularité qui semblait évidente, nos efforts
appuyés et l’aide de la VHF, on s’est rapidement rendu compte du coté quelque
peu utopique de nos prétentions, et on ne s’est finalement retrouvés qu’au
bistrot de Fort de France…
Les rois mages, grands et nobles navigateurs du
désert sur leurs chameaux, n’avaient ni GPS, ni decca, ni consol, ni gonio, ni
toran ou sidélis… Ils n’avaient sans doute pas non plus de compas ou de
boussole, dont l’apparition, bien que floue, n’est que beaucoup plus tardive.
Ils ignoraient le sextant, les tables HO 249 ou celles de Dieumegarde, la
Tamaya ou le starfinder de Hewlett Packard…
Pourtant, avec leur seule connaissance du
terrain, à l’aide de quelques indications glanées on ne sait où, on ne sait
comment, sur la présomption d’un événement qui devait faire grand bruit, mais
qui était quand même un peu secret, ils trouvèrent le moyen, en quelques jours
seulement, de dénicher l’endroit idoine, le lieu où ils devaient se rendre,
pour accomplir leur mission, celle qu’ils ne connaissaient pas, qui leur était
venue, un peu comme pour Harry Potter, par un message porté par le hibou de
l’époque, et auquel ils avaient cru.
Alors, imaginer qu’on va suivre l’alignement
d’une conjonction d’étoile et de planètes, se placer « juste
dessous », pour atteindre comme par enchantement le but recherché, quoi de
plus naturel ?
L’histoire est sans doute enjolivée, elle ne se
base peut-être que sur des affabulations. Mais elle existe, elle a bercé des
générations de petits et de grands enfants, croyants ou non croyants. On peut,
bien sûr, mettre en doute son authenticité, mais une certitude nous
reste :
Les rois mages étaient de sacrés navigateurs.