08, 21 octobre 2005, Sommeil et
récupération
Les solitaires de la transat 6.50 Charente
Maritime Bahia sont partis le 17 septembre de nos pertuis, pour s’en aller
quérir soleil et gloire en traversant l’océan.
Après l’escale aux Canaries, d’où ils ont
repris la mer le 8 octobre, ils sont aujourd’hui à environ 1000 Milles de
l’arrivée, soit un peu moins de 5 jours.
Mais comment diable font-ils, ces navigateurs,
pour se débrouiller tout seul sur leur bateau, pour manœuvrer, naviguer,
régler, manger, récupérer, résister…, et ce pendant plusieurs semaines, en
continu ?
« Comment font-ils pour ne pas
dormir ? » est la question la plus fréquente.
Justement, ce n’est pas la bonne question. Il
faut plutôt se demander « comment font-ils pour dormir ? » Car
c’est bien là le vrai problème, arriver à profiter de la plus petite occasion
pour se reposer, s’économiser, s’assoupir en sursaut, exploiter quelques brefs
instants de conditions favorables, pendant lesquelles le pilote automatique
barrera le bateau comme un grand, et permettra à son skipper de jeter un œil
sur la nav’, de faire la manœuvre idéale, de se relaxer, de se réchauffer, de
se nourrir, de se changer, d’essayer de se mettre, pour quelques instants, hors
de la course, du bateau, des vagues, du vent, du bruit, des mouvements…
Cette capacité à se reposer vite s’éduque et se
cultive, elle est le fruit d’une bonne connaissance de soi, d’une excellente
forme physique, d’une diététique rigoureuse.
Et puis chacun a ses petits trucs, ses astuces
de vieux briscard. L’un déterminera, en entraînement, ses rythmes propres, et
tentera de se reposer dans les périodes qu’il a reconnues comme les plus
efficaces. Un autre profitera de la moindre opportunité, et, attentif même dans
son sommeil aux changements de mouvement du bateau, il saura se réveiller
immédiatement à la moindre alerte. Certains, dans des conditions favorables,
lorsque le temps le permet, parviendront à dormir presque une heure et demie,
soit un cycle complet, faisant confiance à la sonnerie d’un réveil puissant
pour les tirer des bras de Morphée.
Mais c’est sûr, les premiers auront peu dormi.
« Que le veilleur gagne » !