14, 2 décembre 2005, Port vide

 

Vous avez vu le havre d’échouage, depuis quelques jours  ?

Vide et net, il laisse ses quais, ses murailles et ses tours exprimer toute leur magie, au gré des marées.

La dernière fois qu’il avait été ainsi dépossédé de ses locataires, c’était en 2000. Tous les 5 ou 6 ans, le Port de Plaisance organise le grand chambardement des résidents, les déplace et les amarre provisoirement aux Minimes, ou dans le bassin intérieur ou encore dans celui des Grands Yachts, afin de pouvoir draguer la vase qui s’accumule, assurer la maintenance des pontons ou leur remplacement.

Seul le bus de mer et le passeur ont encore, pour quelques semaines, leur appontement, mais il leur faudra, en janvier prochain, trouver un emplacement provisoire pour permettre la fin des travaux.

En mars, trois beaux pontons tout neufs seront installés, pour remplacer ceux, un peu fatigués, qui sont les plus près de la Grand’ Rive et qui attendent une retraite bien méritée Les autres équipements, en stage aux Minimes, sont en cours de rénovation dans les ateliers de la régie. Ils seront remplacés la prochaine fois…

Cette opération nous fait revoir et imaginer notre port tel qu’il se présentait il y a seulement un demi-siècle, lorsque les bateaux se mettaient directement à quai pour décharger le poisson, à la marée, et que les gamins utilisaient ce plan d’eau citadin et vivant comme terrain de jeu dans des joutes de godille, d’aviron, ou pour de simples escarmouches bien innocentes entre bandes rivales. Les cartes postales, pas si anciennes, les tableaux de Gaston Ballande et de Georges Suire ont immortalisé le port dans cette configuration. Avec un peu d’imagination, il suffirait de replacer les bateaux tels qu’ils y étaient amarrés, à couple dans un joyeux capharnaüm, et le tour serait joué.

Et si les bateaux anciens de la flottille des Pertuis en profitaient pour, avant la fin des travaux, investir ce lieu magique et reconstituer, pour quelques jours et pour notre bonheur, le décor qui a été celui de La Rochelle pendant des siècles ?

Une évocation quinquennale d’un site préservé comme celui là, dans son jus, ça vaut bien quelques efforts et quelques concessions au coté pratique des aménagements modernes…