27, 3 mars 2006, Alccols
C’était un jour, étant en pénitence, dans les
z’haubans, pour avoir fait bomban-an-ceuh, pour avoir bu sans permission, du
vin qu’il en restait dans le fond d’un bidon…
Les chansons de marins sont nombreuses, qui
évoquent le vin ou l’alcool, les virées à terre et les beuveries incontrôlées.
Le capitaine Haddock, lui, était furieux
lorsque Tournesol remplaçait ses précieuses bouteilles par les tôles de son
sous-marin révolutionnaire destiné à percer le Secret de la Licorne.
Dans Fleur de Passion, histoire de l’impossible
restauration d’un vieux gréement, l’auteur nous démontre qu’une bouteille
débouchée ne peut en aucun cas être refermée, et qu’il est indispensable, pour
ne pas risquer de renverser et de gâcher le précieux nectar, de la vider
consciencieusement. Le problème, c’est que les héros de ce merveilleux bouquin
débouchent les bouteilles sitôt que l’une d’elle voit son niveau commencer à
baisser…
Toute la littérature de marine met l’accent sur
l’importance du ravitaillement en alcool de l’équipage, et sur les horribles
conséquences d’une pénurie aussi faible soit-elle.
Et ne saluait-on pas les meilleurs manœuvriers,
ou l’homme de veille qui, le premier, avait aperçu la terre, par une double
ration de ratafia ou autre tord boyau ?
Mais qu’ont-ils donc, ces marins, à boire ainsi
plus que de raison ?
Peut-être n’est-ce là que le reflet d’une
époque ancienne, quand la vie de marin était très dure, tant physiquement que
moralement, que les protections contre les intempéries étaient bien faibles,
que les risques étaient énormes, toujours présents, que les navigations étaient
hasardeuses, incertaines, que l’éloignement des siens était long, très long,
que les liaisons avec un monde civilisé n’étaient possibles qu’en fin de
campagne…
Aujourd’hui, il n’y a plus de réelle raison à
entretenir de telles habitudes, mais on peut toujours fêter dignement le retour
d’une belle croisière, une mise à l’eau, une victoire en régate…
Et Yodlohh, et une bouteille de rhum !…
Avec modération…